Publié le 3 Septembre 2019

LES FONDAMENTAUX DE LA RETRAITE
Le haut commissaire à la réforme des retraites Delevoye, rapporteur du projet de retraite universel, vient d’être nommé au gouvernement pour mettre en place un système dont le but est de déconstruire celui né de la libération et du Conseil national de la résistance d’une retraite par répartition, solidaire et intergénérationnelle.
Delevoye parle d’un système universel regroupant les divers régimes existants dont le régime général des salariés et assimilés de la Sécurité sociale.
IL jure la main sur le cœur qu’il ne touche pas à la répartition mais il défait ce qui fait sa force et sa garantie : celle d’un système à prestations définies pour y mettre à la place un système à cotisations définies.
Ambroise Croizat, en 1946, généralisa la Sécurité sociale (loi du 22 mai 1946) avec l'idée de la évoluer au fur et à mesure de redressement de la France après les destructions de la deuxième guerre mondiale et l’occupation de la France.
L’idée était de faire en sorte que ce régime général monte en puissance et soit en mesure de s’aligner sur les régimes les plus avancés à cette époque au fur et à mesure du développement économique.
Le refus des professions libérales puis l’éviction des ministres communistes en 1947 défit ce projet.
Ce régime dit universel est rempli de contradictions ; il regroupe et il écarte des régimes ; il parle de solidarité intergénérationnelle mais il n'offre aucune perspective pour les jeunes et notamment ceux en étude universitaire ou en formation ; il est pour la répartition mais ressuscite des retraites particulières par capitalisation dont le législateur en 1946 s’était débarrassé au grand dam du patronat et des assurances privées.
Ce projet élimine les conquis des luttes des salariés des secteurs publics et des régimes spéciaux. C’est par le bas et non pas par le haut, comme le préconisait Ambroise Croizat, que Delevoye monte de toutes pièces un système qui déconstruit et échafaude une véritable arnaque.
Chaque ayant droit, demain, n’aurait que des points dans un compte individuel ; ce n’est plus la solidarité et le partage ; et l’âge de la retraite ne serait plus qu’un variable d’ajustement qui laisserait la porte ouverte à toutes sortes de manipulations, comme c’est déjà le cas à travers l’âge pivot et la durée de cotisation invoquée par la Président de la République.
Demain, avec le système à cotisations définies, la règle d’or empêcherait de relever les taux de cotisations et les retraites et pensions seraient sous l’emprise totale des gouvernants.
Des compléments en cas de chômage, de maladie, de maternité sont certes prévues mais fonctionneraient sous la férule de l’état qui aurait toute latitude pour les réduire. Le système ne serait plus paritaire (ce qui était déjà un recul du fait de l’annulation des élections en 1967 des administrateurs salariés) mais piloté par l’état avec le patronat et des experts ayant la majorité pour prendre les décisions avec une représentation salariés minoritaire. Nous serions loin d’un conseil d’administration où les salariés avaient la majorité des sièges jusque 1967.
Tout est fait pour que l’idéologie dominante maitrise cette nouvelle entité dont l’essentiel serait de se mettre en conformité avec les décisions européennes de réduire les dites "charges sociales" à leur strict minimum et de s’ouvrir vers des systèmes assurantiels individuels.
Bernard LAMIRAND