FAUT-IL SE SERRER LA CEINTURE POUR LES RICHES ?
Cetainement pas.
Je me suis amusé à reprendre toutes les formulations d'un certain nombre d'éditorialistes, ces temps-ci, qu'ils soient de la presse écrite ou des médias caractérisant la
situation économique et social en Grèce et plus largement en Europe.
J'ai fait un tri et j'en reprends certaines expressions pour montrer la bataille idéologique en cours et l'emploi de métaphores pour que les peuples acceptent les conséquences de la
crise.
La première métaphore qui vient: c'est "se serrer la ceinture". Les grecs, par exemple, sont priés de se serrer la ceinture. A travers cette affirmation, ce sont
les grecs en général qui sont visés et c'est un artifice observable: par exemple est-ce que le salarié ou le retraité grec c'est pareil que le banquier grec, le gros armateur, où encore le
milliardaire qui a piqué le pognon pour le placer dans les paradis fiscaux?
En disant les grecs, on évite de rentrer dans le détail qui ferait vite apparaitre que les travailleurs grecs n'y sont pour rien dans les dettes du pays qui n'ont que profité qu'à une caste
de privilégiés qui s'en lèchent les babines et qui ne sont guère inquiétés..
Après le serrage de ceinture, employé ce matin dans une radio périphérique, comme quelque chose que les grecs devront accepter sous peine de ne pas recevoir les 100 milliards d'euros de
prêts, vient alors un autre serrage: celui de la vis.
Quelle vis ?
Celle des profits ?
Nenni !
"Serrer la vis", s'entend pour le capital de contraindre les salariés et les retraités à des baisses de salaires et de retraites. Uniquement cela. Serrer et étouffer les dividendes, il n'en
est nullement question.
Pas touche, au veau d'or.
Le Banquier, l'actionnaire sont donc exemptés: pas de serrage pour eux, il faut plus que du jeu dans le filetage capitaliste.
Vient alors la fameuse phrase qu'en temps de crise il faut faire rentrer dans la tête des gueux: quand l'économie va mal il faut accepter des sacrifices". Les grecs, les espagnols,
les portugais, les français doivent accepter des sacrifices pour que l'économie reparte.
Elle est bien bonne celle-là.
Sacrifiez votre pouvoir d'achat pour que la croissance reparte et alors les richesses créées seront partagées nous disent les batifoleurs de l'ordre libéral et quelques sociaux démocrates
libéraux européens se couchent devant le concept. Un chancelier socialiste allemand avait d'ailleurs trouvé la bonne parole accompagnatrice, il y a une vingtaine d'années: "Les
profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain".
Cette ritournelle nous a été assénée pendant des années et les résultats sont là: un chômage massif en Europe, des bas salaires partout, de la précarité mais des profits énormes qui ont
littéralement explosés en 2010 en plein temps de crise.
En fait, dans leur bunker de Bruxelles, tous les roitelets européens nous somment de faire maigre pour que les profits soient encore plus forts en 2011 et 2012.
Donc nous sommes priés de nous amaigrir, pas seulement le vendredi saint, mais tous les jours de la semaine pour satisfaire le veau d'or.
Il faut donc, dit encore un journaliste, que les grecs mais aussi tous les européens( lesquels ?) réduisent leur train de vie et arrête de vivre au-dessus de leur moyen ( encore une
métaphore idéologique).
Nos chers patrons du CAC 40 sont-ils visés par cette envolée ?
Non !
Pour eux, rien n'est trop beau, l'argent coule à flot.
Il faut, dit encore un journaliste patenté de la droite, que les grecs mettent "de l'eau dans leur vin".
Un autre perroquet rétorque que tous ceux qui ont fait bon marché de l'économie doivent payer la note.
Encore une fois, évidemment, le propos est général, il s'agit sous le couvert de tous, de frapper les travailleurs et de laisser tranquille les responsables de la
banqueroute: les banquiers et les actionnaires.
La rencontre des scélérats gouvernementaux à Bruxelles, ces jours-ci, c'est donc de faire suer le burnous gratis ou presque.
Pour la gloire du CAC 40 et des escrocs qui pullulent sous toutes les places financières du monde, nous ne nous serrerons pas la ceinture mais au contraire nous puiserons dans les
coffres-forts des riches.
Pour cela, plein de luttes sur les salaires et les retraites sont nécessaires.
Bernard LAMIRAND